S’il y a une chose qui alimente l’humour, ce sont bien les différences souvent étonnantes entre le français d’Europe et celui d’Amérique du Nord, notamment au Québec. Il faut savoir que ces différences varient beaucoup selon le propos, le niveau de langue et le mode de communication. Elles sont presque imperceptibles dans certains écrits officiels ou organisationnels. Mais dans le registre familier, et surtout à l’oral, on a parfois l’impression de deux langues très différentes.
De part et d’autre, on s’amuse beaucoup (et généralement de bon cœur) des contrastes entre les accents et les expressions. Mais tout n’est pas source d’hilarité. Certaines particularités comportent une dimension culturelle plus profonde, voire identitaire. Il faut vraiment les comprendre et les prendre au sérieux. C’est un enjeu qui influe sur l’efficacité de vos communications avec différents publics cibles au Québec et en France. Bien saisir les différences et bien adapter vos contenus en conséquence, c’est le meilleur moyen d’éviter les réactions négatives qui risquent de ternir votre image de marque. Découvrez ici quelques contrastes joyeusement cocasses, et d’autres qui le sont nettement moins.
Ce qui étonne et amuse
L’accent et la prononciation arrivent sans doute au premier rang. Les gens qui « débarquent » aujourd’hui de France pour découvrir le Québec ou s’y établir peuvent d’abord rester bouche bée si on leur demande « Tu me niaises-tu? » ou si on les invite quelque part avec enthousiasme, en leur lançant « Enweille don! ». À l’inverse, on trouve parfois au Québec que parler à la française, c’est « parler pointu » et qu’on se sent plutôt au théâtre classique que dans la « vraie vie ». Quel contraste, par exemple, entre « Qu’étudies-tu? » (pur accent français) et « Quess t’étudies? » (fort accent québécois).
Les mots et les tournures font aussi partie des différences les plus désopilantes (ou crampantes, en bon québécois). D’une part, les mots français ont évolué de façon différente en Amérique du Nord et en Europe : les maringouins du Québec sont des moustiques en France, les bleuets sont des myrtilles, les toutous sont des peluches, et au Québec bien des gens s’enfargent plutôt que de trébucher.
Chose parfois très drôle (ou délicate) : le même mot peut être employé au Québec et en France, mais dans un sens différent. Par exemple, une personne qui dit qu’elle est bourrée au Québec avoue qu’elle a trop mangé. Mais en France, si une personne est bourrée, c’est qu’elle a bu trop d’alcool. Et que dire des mitaines? En France, ce sont des gants qui laissent le bout des doigts à l’air. De quoi se les geler en janvier! L’équivalent français des mitaines québécoises, ce sont des moufles.
Évidemment, le français du Québec est aussi connu pour ses sacres, c’est-à-dire des jurons tirés du vocabulaire religieux. Il y a tellement de combinaisons de sacres savoureuses et créatives qu’on ne finit jamais d’en découvrir et d’en rigoler.
Un autre phénomène important, c’est la façon très différente dont le français a été influencé par l’anglais sur chacun des deux continents. Au Québec, les anglicismes sont assez omniprésents. Certains mots anglais sont utilisés et prononcés comme en anglais (chum ou joke ou fun, ou même dude). D’autres sont adaptés au français dans leur prononciation (parté pour party) ou dans leur structure (pensons à tous ces verbes comme switcher, focusser, ou flusher).
Par ailleurs, il y a des mots français qu’on utilise parfois de façon erronée, dans le sens qu’ils ont en anglais (une personne dédiée, un client éligible, être familier ou confortable avec quelque chose). Au-delà des mots, bien des tournures sont assez répandues dans certains contextes même si leur structure est calquée sur l’anglais (appliquer pour une position, les gens que j’ai parlé avec). Les anglicismes ont donc quelque chose d’insidieux, en ce sens qu’on peut les utiliser sans se rendre compte que ce sont des anglicismes.
En France, l’anglais se répand d’une autre façon. Beaucoup de mots sont utilisés en anglais alors qu’ils ont un équivalent français. On parlera par exemple d’un mail, d’une startup, d’un smartphone, de faire du shopping, ou encore du business. Ces mots sont plus souvent prononcés à la française qu’au Québec. Pensons à chartère pour charter flight, ou à trillère (parfois même srillère) pour thriller.
Ce qui est moins drôle
Malgré tout l’humour qui entoure les différences entre le français du Québec et celui de la France, certains enjeux sont à prendre au sérieux.
En France, on se sert généralement de mots anglais parce que ça fait branché (pour ne pas dire cool) et que ça donne une couleur originale au discours. Il y a certes des gens que ça agace ou inquiète (notamment à l’Académie française) quand ils voient par exemple des constructeurs automobiles français adopter des slogans uniquement anglais. Pour le moment, on ne semble quand même pas se trouver devant une menace existentielle
La situation est différente au Québec, dont la population francophone est en situation minoritaire depuis des siècles à l’échelle canadienne et nord-américaine. La protection du français devient un enjeu plus identitaire, souvent considéré comme une question de survie. C’est ce qui explique l’adoption de la Charte de la langue française (Loi 101) en 1977, et son renforcement en 2022 en vertu de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (Loi 96). Ces lois établissent un cadre juridique et réglementaire de francisation à l’échelle de toute la société québécoise.
L’une des particularités de la francisation au Québec, c’est l’énorme importance de la terminologie. On parle ici de termes qui désignent aussi bien les réalités de la vie courante que celles de tous les domaines de spécialisation. La francisation terminologique comporte deux principales dimensions :
1. Les termes existants
Faire la promotion de termes français qui existent déjà, mais que bien des gens ne connaissent ou n’utilisent pas. Quand on parle de sa voiture, par exemple, les anglicismes comme steering, brake et bumper l’emportent encore souvent sur leurs équivalents français.
2. Les termes nouveaux
Créer les équivalents français de milliers de nouveaux termes qui font leur apparition chaque année en anglais. Le vocabulaire des technologies de l’information et des médias sociaux en est un bon exemple (cloud computing, deepfake, metaverse, blockchain et tant d’autres). Pensons même simplement à tous les termes médicaux essentiels qu’il a fallu traduire depuis le début de la pandémie dans une optique de sécurité publique.
La place centrale de la francisation terminologique au Québec depuis des décennies fait en sorte que les gens réagissent mal aux contenus français (originaux ou traduits) qui emploient de la terminologie anglaise. Dans certains messages très familiers, et surtout humoristiques, il peut y avoir des termes anglais utilisés justement pour faire rire. Mais à cause des enjeux identitaires, ça ne passe pas dans les contenus plus sérieux.
En France, cette francisation terminologique « mur à mur » du Québec peut sembler excessive. En fait, beaucoup de termes français créés au Québec ne sont même pas compris en France (où personne ne parle de vol nolisé pour désigner un chartère, par exemple). Les gens s’attendent généralement à voir de la terminologie anglaise dans les contenus français. Beaucoup seraient même agacés si ces termes étaient remplacés par des équivalents français (surtout québécois) qu’ils n’utilisent jamais.
Respecter les différences dans vos traductions
Si votre entreprise communique avec des publics du Québec et de France, c’est essentiel qu’elle tienne compte des différences dans la façon dont les gens s’expriment. Le non-respect des différences risque de nuire à la compréhension de vos messages, et même de choquer. Comme dans bien d’autres langues, une seule traduction n’est ni efficace ni acceptable dans tous les marchés du monde.
Une bon cabinet de traduction devrait donc vous demander dès le départ à quel public cible s’adresse chacun de vos contenus. Ses spécialistes sont là pour analyser le contexte et les objectifs de chaque projet de manière à vous recommander la stratégie qui offre le maximum de qualité et de pertinence au meilleur coût possible.
Trois stratégies possibles
1. Une traduction différente pour chaque marché
Vous faites faire une traduction pour le Québec, et une autre pour la France. Chaque traduction est confiée à des linguistes qui se trouvent dans le marché cible et le connaissent parfaitement. C’est l’approche idéale, surtout si vous traitez avec un cabinet qui vous donne accès à des spécialistes des deux continents.
2. L’adaptation au deuxième marché d’une traduction existante
Vous partez d’une traduction faite pour le Québec et vous la faites modifier selon les particularités du français de France. Ou vice-versa. Selon le type de contenu et le niveau de langue souhaité, il faut adapter au moins le vocabulaire et la terminologie, ou aller plus loin en adaptant aussi les tournures. Si les changements nécessaires sont trop nombreux et complexes, cette stratégie peut cependant s’avérer plus coûteuse et moins respectueuse des publics cibles que deux traductions différentes. Votre cabinet doit donc faire une analyse détaillée pour vous fournir des chiffres et des conseils sans équivoque.
3. Une seule traduction en « français international »
Vous faites une seule traduction pour le Québec et la France, en tenant compte des deux publics cibles dans toute la mesure du possible. Mais c’est important de savoir que le français international est une langue assez artificielle. Elle enlève au contenu la couleur régionale et culturelle qui permet au public cible de s’identifier à une organisation et à ses messages. À la rigueur, elle peut convenir à certains types de contenus organisationnels très neutres. Mais en marketing, par exemple, le français international ne donne pas de bons résultats. Encore une fois, vous devez pouvoir compter sur les spécialistes de votre cabinet pour bien analyser vos besoins et vous donner l’heure juste.
Choisir Versacom pour prendre les bonnes décisions
Que vos publics cibles se trouvent au Québec ou en France, Versacom vous offre l’ensemble des ressources qu’il faut pour vous proposer les meilleurs choix en traduction française. Versacom a vu le jour au Québec, où se trouve son siège social depuis trois décennies. Nous comprenons à fond les réalités linguistiques et juridiques du Québec et leurs répercussions sur la traduction. Par ailleurs, nous avons aussi à notre emploi des linguistes et des gestionnaires francophones d’Europe, ainsi qu’un solide réseau de partenaires en France. Nous avons donc la double perspective et la double compétence qu’il faut pour appuyer votre réussite au meilleur coût possible dans chaque marché et chaque situation.